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Sortez Vos Cahiers

3 juin 2016

En France, on est vachement bien conservés.

 

Dans la série "Ils-vont-vraiment-finir-par-m'achever".

 

En 3è, encore et toujours... Travail autour du très beau poème "La Rose et le réséda" de Louis Aragon. (Pour le lire, c'est par ici : http://www.poesie.net/aragon4.htm)

- Oui, d'accord, le poète semble évoquer une femme. Mais je vous rappelle que tout à l'heure nous avons parlé du contexte et que le poème a été publié en 1945 donc écrit pendant la seconde guerre mondiale par un poète français. Qui est "prisonnière", à ce moment-là ? Qui ces hommes peuvent-ils bien vouloir essayer de délivrer ?

Cri du coeur.

- Jeanne d'Arc !


 

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1 juin 2016

Ne jamais parier avec un élève.

 

En 3è, toujours. En plein milieu du cours.

 

"K... Qu'est-ce que tu fais avec une plante sur ta table ?!

- Ben c'est la prof d'SVT, elle me l'a donnée pour que je la plante. Et elle a dit :"Si t'arrives à la faire pousser, je te paie un McDo." 

- Ah. 

K. embrasse la plante, presque religieusement. Je sens qu'il rêve McDo, là.

 - Mais Madame, vous voulez pas la prendre vous ? Pour la planter dans votre jardin. Et comme ça si ça marche c'est moi qui vous paie un McDo, si vous y arrivez pas c'est vous qui m'le payez.

- Je n'ai pas de jardin. Et en plus, elle a une drôle de couleur ta plante, non ?

- Ben ouais en fait hier j'lai oubliée dans mon sac..."

 

Vous la sentez vous aussi l'arnaque... ?

30 mai 2016

Comment réduire son prof au désespoir en 6 mots

En 3è, toujours. Évidemment. En 6è, quand ils sortent des perles, c'est plutôt mignon et même quand ça ne l'est pas on arrive à relativiser en se disant qu'ils sont jeunes et innocents. Qu'ils ont le temps, encore. Qu'ils vont revoir tout ce qu'ils ont DÉJÀ vu au primaire (oui parce que ça bosse dur en primaire mais, on ne sait pas pourquoi, à un moment un peu flou entre le CM1 et la 5è, on a du mal à déterminer, tout semble se perdre. Phénomène étrange qui méritera que je revienne dessus, mais plus tard.)
Mais en 3è, on se dit qu'ils ont du acquérir des choses, quand même, depuis la maternelle, qu'ils ont fait un bout de chemin, qu'ils ont appris, qu'ils ont progressé... !
Or la vie parfois aime être une garce et nous prouver le contraire.

 

Contexte : petit rappel autour de l'allitération et de l'assonance (pour faire court : travail autour des sonorités.)

Moi - Je vous rappelle que c'est l'assonance qui utilise les voyelles, pas l'allitération.

Élève - Mais c'est lesquelles les voyelles ?

Moi - C'est une blague ?

Élevé - Non.

Moi - Bien. 

 

Voilà, voilà, voilà...

27 mai 2016

Le jour où j'ai pleinement réalisé que j'étais passée "de l'autre côté du tableau"

 

Je m'inquiétais beaucoup de mon apparence quand j'ai commencé à enseigner parce que je faisais vraiment très jeune. Et quand vous savez via d'innombrables et inquiétants témoignages que question autorité professeur/élève, ce n'est déjà pas simple quand vous débutez même si vous semblez avoir passé la quarantaine, vous vous doutez bien qu'avoir l'air d'une lycéenne ne va pas vraiment jouer en votre faveur.

J'ai donc mené une semaine de shopping intensif avant la rentrée (pour une fois que j'avais une bonne excuse pour m'acheter des tas de vêtements...) dans le but de me refaire une garde-robe "plus classe" pour paraître "plus vieille" mais j'avais peur que ça ne suffise pas. La preuve par l'exemple : un mois plus tôt, un soir où je voulais rentrer en boîte, le videur m'avait arrêtée pour me demander si j'étais majeure. J'avais alors 23 ans. Vous comprendrez donc mon inquiétude. 

Et  puis la rentrée s'est faite, je suis devenue "Mme P." bon gré mal gré, et rien que cela a du ajouter une ride sur mon visage. À moins que ce ne soit mon dos qui se soit brutalement courbé sous le poids de mes nouvelles responsabilités...  Mais je ne l'ai pas senti, alors, jeune inconsciente que j'étais. Je me sentais toujours "trop jeune". 

 

Jusqu'au jour où, lors d'une sortie scolaire, mes 6èmes m'ont pleinement rassurée sur la question.

"Vous avez vu madame, j'ai des Air Max toutes neuves, elles sont belles, hein ?

- Ah oui très belles. Tu as la classe avec ça. Moi aussi j'en avais au collège, c'étaient mes chaussures préférées.

- Ah bon ça existait déjà les Air Max à votre époque ??!"

 

Voilà. C'était bon. J'étais prof, donc j'étais vieille, ou en tout cas bien plus vieille qu'eux. À jamais.  

Ben ce jour-là, moi qui avais pesté je ne sais combien de fois parce que les gens me prenaient toujours pour plus jeune que je n'étais, j'ai presque été vexée. 

 

images

27 mai 2016

D'où l'importance de connaître son alphabet

 

Aujourd'hui, en plein contrôle avec les 3èmes.

"Mais Madaaaaaaaaaaaaame, c'est quoi la différence entre Irlande et Islande ? Je sais jamais...

- Ben c'est-à-dire qu'il s'agit de 2 pays différents, hein, tu vois... D'ailleurs tu entends bien qu'il y en a un qui s'écrit avec un R et l'autre avec un S, non... ?

- Wesh mais c'est pareil quoi ! Ils nous compliquent la vie là ! Et c'est dans lequel qu'ils parlent français ?

- ..."

 

(Plus que 5 semaines et 2 jours avant les vacances. On y croit.)

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27 mai 2016

Le pourquoi du comment

 

Hello.

 

J'aurais pu me contenter du "petit texte de présentation" demandé par CanalBlog lors de la création du blog et bim ! Direct attaquer le vif du sujet. Pondre un mignon petit article où il serait question d'élèves, de perles et de (mes) yeux levés au ciel.

Mais non. Au lieu de ça, je vais écrire un ennuyeux message expliquant le pourquoi du comment de tout ceci.

 

En même temps, c'est ma formation. J'ai été "élevée" comme ça, si je puis dire. Comment faire autrement, quand on est formaté pour passer SIX HEURES sur une épreuve de dissert au Capes, que blablater, reblablater et blablater encore ?! Depuis la 2nde, on me demande de "développer". Alors ça fait 11 ans que je développe joyeusement (11 ans !!! Quelle stupide idée ce blog, ça va me filer un coup de vieux) sauf que, résultat : je me suis rendu compte il y a peu que je ne savais plus être concise. Synthétique. C'est malin. Moi qui, en plus, ne suis ni logique ni rigoureuse, je vous laisse imaginer la joie de mes correcteurs du brevet/bac/master/capes. Enfin passons.

 

Tout ça pour dire que j'ai décidé de partager les petits moments "fous" de mon quotidien. Mon quotidien de professeur de français, en collège cette année, 26 ans, dans le métier depuis bientôt 3 ans, mutée depuis la rentrée 2015 dans le type de banlieue qui ne fait pas rêver - et à 700km de chez elle bien sûr sinon ce ne serait pas drôle.

Mais il y a quelque chose de certain, avec ce boulot : qu'on finisse la journée échevelé(e), en pleurs, le sourire aux lèvres, au bord de la dépression ou endormi(e) debout, ON NE S'ENNUIE JAMAIS. Chaque jour amène son lot d'émotions et de surprises. On peut, chaque matin, se lever en se demandant : "Que va-t-il m'arriver aujourd'hui ?" et attendre toujours la réponse avec le même enthousiasme/la même crainte. Tout dépend si on est un indécrottable optimiste ou un prudent réaliste. Et depuis combien de temps on est dans le métier, je suppose. (Car oui, je l'avoue, à l'heure actuelle je ne me vois clairement pas faire ce que je fais à 60 ans. Mais bon. J'ai le temps d'y repenser, ouf.)

Bon enfin c'est tout de même un point positif, non ?

Pas facile tous les jours, mais suspense garanti.

 Et en fait, je n'ai pas envie d'oublier toutes les conneries que mes élèves me sortent, ni toutes les phrases surréalistes que je me surprends à dire, ni les foules de petites situations étranges dans lesquelles je me retrouve parfois sans m'en rendre compte immédiatement. Alors ce blog va me servir de support. Anecdotes, perles, coups de gueule... Il y en aura pour tous les goûts. Et si ça vous intéresse de jeter un oeil, faites-vous plaisir. Peut-être qu'après vous regarderez les profs autrement. Peut-être pas. Ce n'est pas la question pour le moment (même si oui, effectivement, on se sent assez mal-aimés nous les profs dans notre société actuelle. Mais : point de débat, point de débat j'ai dit. Tel n'est pas mon but.)

 

Je commencerai donc par ceci : Quelque part dans le secondaire...

 

PS : Bien sûr, comme je suis une personne "éthique et responsable" (cf : les innombrables BO de l'Education Nationale), l'identité des élèves restera privée et les noms utilisés, quand il y en aura, seront des faux. Idem pour les lieux et les collègues.

 

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  • "Prof de français ? Ohla va falloir que je fasse attention à comment je parle alors ! Les collégiens sont chiants non ? Mais tu préfères collège ou lycée ? Ah c'est pas toi qui choisis ? Moi j'aurais jamais pu faire ça... Et ça va c'est pas trop dur ?"
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Littérature jeunesse : la recommandation du mois

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Même à 20 ans passés, ce livre reste dans mon top 10. Pourquoi ? Parce qu'il est simple et émouvant à la fois. Quelques larmes par-ci, un ou deux éclats de rire par là, de quoi amorcer une réflexion sur certains thèmes (la famille, la maladie, l'homosexualité...) et hop ! Le tour est joué. Les personnages sont attachants, l'écriture sonne juste et on le relit avec plaisir. 
Perso, je le conseillerais à partir de la 4è. Avant, on risque de ne pas l'apprécier à sa juste valeur. Et si on a aimé, on peut lire également La Fille du Docteur Baudouin, toujours de M.-A. Murail.
Deux petits "régaux". (Un régal, des régaux... Ou pas.)

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